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15 avril 2010 4 15 /04 /avril /2010 23:11

Un livre intéressant quoiqu'un peu décousu, aux titres un peu trop orientés poésie et pas assez orienté précision scientifique, mais plein d'anecdotes marrantes - un bon livre donc quoiqu'un peu verbeux pour moi. Et des mots clefs qui vont faire venir sur cette page un tas de gens qui viennent chercher des photos pornographiques et vont être déçus même s'il y a le mot lingerie plus bas dans ce texte.

Je ne suis pas biologiste, juste un informaticien qui s'intéresse à l'évolution (mais surtout la sélection Darwinienne pour les robots ou contrôleurs ou logiciels, je ne triture pas de bestioles...). Pardonnez-moi les erreurs, n'hésitez pas à contester; je sais qu'il y a dans mes lecteurs des gens plus doués que moi sur le sujet.

Un hermaphrodite qui ne se rend pas compte
qu'on se pose plein de questions
sur lui: est-il un reste d'évolution incomplète, ou un
mode de reproduction meilleur que le notre ?



La sexualité n'a pas besoin des sexes, qu'on se le dise. Par exemple, les hermaphrodites, comme les escargots, qui conservent une dissymétrie dans l'acte sexuel et la fabrication du bébé, mais aussi certaines paramécies qui s'échangent comme ça en passant du matériel génétique: ça s'appelle la conjugaison.

C'est sympa, un échange de matériel génétique,
non ? Ca s'appelle la conjugaison.



Donc, l'existence de deux sexes ne s'explique pas si facilement que ça: l'avantage évolutif de mélange des bons gênes (permettant ainsi à plusieurs mutations génétiques utiles et présentes chez plusieurs individus de se combiner).Il faut qu'il y ait aussi un avantage à l'existence de deux sexes différents (et pourquoi seulement 2 ?) pour expliquer cela. Les informaticiens auront remarqué qu'en évolution de robots, on pratique allègrement la copulation entre 50 robots à la fois, sans distinction de sexe. Certains lézards ne comportent que des femelles qui se reproduisent par parthénogénèse.

Les mâles et les femelles ont des stratégies différentes, "quantité contre qualité" comme le dit crûment l'auteur: le mâle, qui dépense peu d'énergie pour chaque fécondation, a tout intérêt à y aller en force; la femelle, par contre, a tout intérêt à faire attention et à ne pas se disperser (ça me rappelle les statistiques sur la différence de taux de succès entre un homme qui aborde une femme pour proposer une copulation, par rapport à la réciproque, http://0z.fr/dxkXL).

Rien qu'à les voir elles ne sont
pas sympathiques (cf texte).



Homosexualité, bisexualité, homoparentalité, triolisme: les cygnes noirs homosexuels adoptent les bébés que leur confient une femelle désireuse d'assurer une bonne réussite à leurs enfants (qui survivent beaucoup mieux avec des parents mâles homosexuels qu'avec des parents hétérosexuels, chez les cygnes noirs: 80% au lieu de 30%). Chez les oies, deux mâles bisexuels vivent fréquemment avec une femelle; chez les goëlands, c'est plutôt deux femelles et un mâle. Madame Boutin va-t-elle s'en remettre ?

Oh le coquin.



Certaines espèces animales ne font pas dans la tendresse. Ainsi les sangsues mâles perforent les femelles pour les féconder (si!). Les femelles ne sont pas forcément beaucoup plus sympathiques puisqu'il leur arrive de dévorer leur partenaire sexuel (chez les araignées elles peuvent manger le mâle même sans copulation s'il ne leur plait pas). Le xénope mâle, quant à lui, ô le méchant, peut copuler juste pour avoir des enfants à dévorer. L'enfant nait grâce au sacrifice en ressources alimentaires de la maman et le papa se régale.
Chez les poissons gambusies le viol est la norme; chez les canards les messieurs peuvent noyer les dames en les envahissant pour obtenir une copulation. Les mâles antilopes topis s'en prennent aux enfants pour obliger les mamans à copuler. Les dauphins pratiquent abondamment le viol collectif. Une brebis peut mourir sous les coups du mâle dominant en cas d' "adultère". p236 on apprend aussi que (peut-être...) le canard mâle y va assez fort avec un organe trop gros, car ainsi la femelle n'a plus trop envie d'aller copuler ailleurs vu qu'elle ne trouve pas ça sympa du tout et préfère garder le premier qui est calmé pour quelques temps.

Vous le trouvez mignon ? Sachez qu'il pratique le viol collectif.



Pourquoi est-ce à la même page du livre que l'on apprend que plus il y a de compétition pour la fécondation des femelles et plus les organes introducteurs sont longs ? C'est toujours dans la thème de la concurrence pour la fécondation. Aussi chez certaines espèces de lions, criquets, rongeurs, oiseaux, la copulation peut être reproduite (même mâle, même femelle) des dizaines voire centaines de fois de suite. Chez d'autres espèces (crotales, putois, belettes) on remplace la fréquence par la durée (plusieurs heures).

Parfois la différence plait. Chez le poisson "guppy" ou les drosophiles, les mâles atypiques plaisent beaucoup; quoique le mécanisme ne soit pas très clair pour moi (odeur ?), une préférence pour les partenaires ayant un système immunitaire très différent apparait - ce qui semble malin pour compléter la protection immunitaire - je trouve ça carrément magique. Ce type de préférence semble en général moins marqué chez les mâles.

Le fait de connaitre un individu de longue date semble aussi réduire son attrait, ce qui évite la copulation avec des individus génétiquement proches et augmente donc la diversité et favorise un système immunitaire solide (et peut-être la diversité est-elle utile pour beaucoup d'autres choses que le système immunitaire).

La spéciation est parfois amusante. Certains poissons se spécialisent dans l'art de piquer une écaille à d'autres poissons, pour s'alimenter. Alors, parmi ces voleurs, certains ont la bouche de travers à droite, pour piquer une écaille sur leur droite en doublant la victime, et d'autre à gauche. Comme mêler les deux espèces n'est pas souhaitable (la bouche centrée n'est pas efficace), les deux catégories finissent pas devenir exclusives d'après l'auteur: deux espèces (quelqu'un peut donner un exemple d'espèce animale dissymétrique dont 50% des membres sont symétriques aux 50 autres pourcents ?).

Et la recherche en biologie ? Très biaisée par le mécanisme de publication! Car on publie mieux les résultats positifs (qui confirment la théorie dominante) que les résultats négatifs. Chez les informaticiens, je vous promets: c'est pareil :-)

Pourquoi les animaux, surtout mâles, ont parfois des attributs inutiles très visibles ? Pour montrer comme ils sont forts! Ainsi les poissons "porte-glaive" dont un appendice aussi inutile qu'étrange est bien visible. On appelle ça un attribut hypertélique.Pensez aussi à l'exemple du paon. Il parait que certains animaux vont jusqu'à prendre des risques inutiles auprès des prédateurs, juste pour montrer aux femelles à quel point ils sont forts et peuvent se le permettre. L'attribut hypertélique peut être donc une extension abusive d'un attribut qui est une réelle plus-value (dans ce cas, son existence est due à un déficit sensoriel des femelles qui ne voient pas que c'est plus que l'utile), ou bien être là simplement en tant que preuve que si le mâle peut se permettre telle excroissance inutile, c'est parce qu'il est bien vigoureux et bien en forme, donc un bon partenaire potentiel pour fabriquer de bons bébés.
Page 163, l'auteur nous dit que finalement, on obtient un succès supplémentaire en étant un crâneur. Un peu comme la symétrie serait une preuve de résistance aux parasites: en étant blindé contre les parasites, on se développe bien symétrie - donc il est normal dans cette théorie que l'on préfère un partenaire symétrique (il en va de même de l'aspect de la peau).
L'attribut hypertélique est-il limité aux animaux ? La lingerie affriolante est-elle un attribut hypertélique artificiel ? L'auteur préfère citer la sculpture grecque ou Rodin, mais aussi la cosmétique.

Quelques autres anecdotes pour la route ? La transexualité "naturelle" existe chez les poissons Xanthias, et beaucoup d'animaux pratiquent les petits cadeaux autour de la sexualité, allant chez certaines espèces jusqu'à s'auto-offrir en casse-croûte. Les petits cadeaux sont qualifiés de forme de prostitution ou de petits cadeaux selon l'humeur de la page.

L'effet dit de la reine rouge est cité; en très bref, l'existence des mâles, qui a priori réduisent l'efficacité de la propagation des gênes, s'expliquerait par le fait qu'ils limitent la disparition des gênes temporairement inutiles mais qui peuvent redevenir capitaux plus tard, après un retour d'un environnement antérieur. Le livre aurait pu faire plus clair (plus matheux ?) sur ce sujet.

Pourquoi la monogamie ? Au niveau diversité génétique c'est vraiment pas terrible. Un espèce de moyen pour la femelle d'assurer le fait qu'il y a un mâle pour s'occuper des enfants, et pour le mâle un mauvais choix parce qu'il se fait attraper (contrairement à son intérêt de quantité précédemment cité...) par la femelle (qui l'attire à répétition par stratégèmes cochons) ? La femelle étourneau multiplie les copulations, et est répudiée au premier ralentissement d'activités.

Les étourneaux mâles sont heureux selon ce livre (cf texte).
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